Théo Faure, un des membres essentiels de l’équipe de France de volley-ball, est prêt à relever le défi des Jeux Olympiques de Paris 2024. Ce joueur, légèrement méconnu du grand public, s’est rapidement imposé comme un élément clé de l’équipe nationale.

Tous les chemins ne mènent pas à Rome, mais presque. C’est à 50 kilomètres de la Ville éternelle, à Cisterna di Latina, que le volleyeur français Théo Faure a atterri en 2023, à peine auréolé d’un premier titre de champion de France avec Montpellier. Un an plus tard, devenu le meilleur marqueur de la saison régulière du championnat italien, ce géant – il mesure 2,02 mètres – de 24 ans a été retenu pour faire partie du commando de douze joueurs qui ont pour mission de défendre, à Paris, le titre olympique décroché par l’équipe de France à Tokyo en 2021.

Ce choix s’est imposé peu à peu comme une évidence dans l’esprit d’Andrea Giani, le sélectionneur italien des Bleus, malgré la forte concurrence au poste de pointu. Un rôle-clé au volley puisque ce joueur, généralement le plus grand et le plus puissant de l’effectif, doit conclure les actions par ses smashes. Le Girondin – il est né à Pessac et a grandi à Gradignan, près de Bordeaux – a été préféré au Réunionnais Stephen Boyer, qui était pourtant à Tokyo le complément idéal de l’inamovible Jean Patry et ses 2,07 mètres.

Installation rapide en Italie

Depuis son premier contrat professionnel aux Spacer’s de Toulouse en 2019, Théo Faure gravit les échelons avec régularité et sérénité. « Théo, c’est Théo ! C’est la force tranquille, décrit son père Stéphane, ancien capitaine de l’équipe de France de volley (350 sélections entre 1977 et 1988). Il avance étape par étape, sans trop se poser de question. Parfois, il est un peu surpris d’être là où il est, mais ça ne le préoccupe pas. Il a toujours été comme ça. Il vit le moment présent, c’est sa force. »

Un héritage familial solide

Comme de nombreux joueurs de l’équipe de France (Kévin Tillie, Earvin Ngapeth, Jenia Grebennikov, Trévor Clevenot, Yacine Louati…), Théo Faure est né dans une famille de volleyeurs. Beate Bühler, sa mère, a été l’une des meilleures joueuses de sa génération. Internationale allemande, elle a participé aux Jeux de Los Angeles en 1984, puis à ceux d’Atlanta en 1996, cette fois-ci en beach-volley. Et c’est sur le sable qu’elle a rencontré son futur mari, qui entraînait à l’époque l’équipe de France de la discipline.

Un tel héritage aurait pu être lourd à porter, mais le jeune homme confie avoir « pris conscience tardivement » du palmarès de ses parents. En équipe de France, comme à Cisterna, Montpellier ou Toulouse, Théo Faure s’est fondu dans le moule. A chaque fois, il s’est imposé sans faire de vague, apparemment insensible à la pression.

Un parcours parmi les amis

« Pour lui, le volley est d’abord une histoire de copains qui s’amusent, qui jouent pour s’éclater ensemble, et la vie du groupe est aussi importante que le résultat. C’est pourquoi il ne se stresse pas. Il peut mal débuter un match, se prendre plusieurs contres, et finir en trombe pour terminer meilleur marqueur », observe son ami Victor Le Gall, qui l’a connu à 12 ans à l’US Talence, club de la région bordelaise.

Beaucoup de choses se sont esquissées à cet âge, même si le futur pointu des Bleus a longtemps été cantonné au banc. « On le faisait entrer pour lui faire plaisir. Il était très maigre. Avec ses grands bras et son short trop court, il était difficile d’imaginer qu’il deviendrait un tel joueur ! », se souvient Victor Le Gall. Une anecdote que confirme son père : « Comme il a grandi tardivement, au début, c’était le plus petit. Il jouait rarement, mais ça ne le dérangeait pas. On ne l’a jamais forcé. Le plus important pour lui était d’être avec les copains. »

Paris 2024 : Théo Faure et l'équipe de France de volley-ball

Un destin de leader

Avec Victor, Vincent, Florian, Sylvain, Titouan et Mathieu, Théo Faure forme alors une bande qui, aujourd’hui encore, en dépit des années et des kilomètres, demeure inséparable. Entre 15 et 17 ans, ils intègrent ensemble le Pôle espoirs de Talence, alors dirigé par Stéphane Faure. « C’est à ce moment que Théo a grandi et qu’il a pris conscience de plein de choses, en particulier des exigences d’une carrière de sportif de haut niveau », poursuit l’ancien central des Bleus.

Du haut de son double mètre, Théo Faure devient le leader d’une équipe qui martyrise ses adversaires. « Je les croisais en Coupe de France. Ils nous faisaient peur tellement ils étaient soudés. C’était une meute ! », raconte le Toulousain Pierre Derouillon, autre international tricolore, qui finira par intégrer « la petite bande de Talence ».

Partenaires pendant deux saisons aux Spacer’s de Toulouse, Théo Faure et Pierre Derouillon ont gardé la proximité de ceux qui ont fait leurs classes ensemble. « Au départ, c’est vrai, personne n’aurait parié sur lui, s’amuse le Haut-Garonnais. Il était réservé, assez maladroit, c’était plutôt un cérébral qui jouait aux échecs. Mais, à partir de 18 ans, il s’est transformé physiquement, il a pris 15 kg de muscle. Ce n’est plus le gentil petit Théo. Aujourd’hui, c’est un athlète complet. Depuis qu’il est en Italie, il a pris une envergure nouvelle. »

Distinguer les compétences

Au point de devenir indiscutable en équipe de France ? « Ce qu’il apporte en sélection, c’est sa sérénité et sa puissance, estime Stéphane Faure. Il correspond au prototype du joueur moderne. Ce n’est pas qu’une question de muscle, il faut être présent au contre, en réception, au service… L’équipe de France est surtout composée de joueurs très fins techniquement, mais si elle veut rivaliser avec les meilleures équipes, elle a besoin de joueurs puissants comme Théo. »

La passion des sciences

De son père, le pointu des Bleus n’a pas seulement hérité d’un physique hors norme. « Dans la famille, nous partageons la même curiosité pour les sciences, notamment pour l’infiniment grand et l’infiniment petit », explique l’intéressé. Alors que son frère aîné, Rémi, effectue une thèse sur l’univers primordial, c’est-à-dire sur les premiers instants de l’univers après le Big Bang, Théo Faure, lui, poursuit par correspondance des études à l’Institut national des sciences appliquées de Toulouse, un cursus sur cinq années.

« J’ai choisi cette école pour sa souplesse car elle permet de conjuguer études et sport de haut niveau. Depuis l’an dernier, je prépare ma quatrième année, qui sera étalée sur trois, quatre ans », précise le futur ingénieur. Sa spécialité ? Le génie physique, c’est-à-dire l’étude des matériaux, de l’infiniment petit, des nanotechnologies, de la mécanique quantique, qui débouche sur des applications industrielles. Ce rythme de vie lui convient. « Cela fait du bien de s’aérer l’esprit et de ne pas penser au volley en permanence », confie-t-il.

Une perspective positive

Les Jeux, bien sûr, il y pense. « Pour un volleyeur, c’est le Graal, lâche-t-il, après un moment de réflexion. Les footballeurs, les tennismen ou les rugbymen ont des compétitions plus importantes, mais, pour nous, c’est le summum. Et comme nous jouerons à la maison, l’événement va prendre une ampleur que j’ai du mal à imaginer. » Si les Bleus sont devenus champions olympiques à Tokyo dans un silence de cathédrale – crise sanitaire oblige –, ils devront gérer à Paris une énorme attente populaire, qui peut rendre le ballon très lourd dans les moments décisifs.

La perspective n’effraie pas Théo Faure. « La pression, c’est aussi ce qui te fait grandir en tant que joueur, dit-il. Je ne ressens pas le besoin d’avoir un préparateur mental. Parfois, plus on se pose de questions et moins on trouve de réponse. Le plus important est de garder le plaisir de jouer. » Quelle que soit l’issue du tournoi olympique, Théo Faure continuera d’avancer comme il l’a toujours fait, avec ses livres de science et la même bande de copains.

Gardons espoir et restons positifs quant aux performances à venir de notre équipe nationale!