Benjamin Toniutti, champion olympique de volley-ball et capitaine de l’équipe de France, se prépare à défendre son titre cet été à Paris. Le joueur emblématique de l’Arago de Sète partage son expérience et ses émotions devant cet événement unique.
Certains rêves de gosse deviennent réalité, d’autres surpassent toutes les attentes. Celui de Benjamin Toniutti, devenu Sétois d’adoption depuis qu’il a porté haut les couleurs de l’Arago, appartient à cette seconde catégorie.
Des débuts passionnés dès l’enfance
Il y a trois ans, à Tokyo, lui et son équipe ont offert à la France son premier titre olympique en volley-ball. Le garçon qui, en 1996, était captivé par les Jeux d’Atlanta depuis un camping en Italie, est entré dans la légende. « J’avais sept ans, mes parents avaient loué un bungalow et ma mère râlait parce que mon père et moi passions presque toutes nos journées devant la télé. Je me souviens parfaitement de la finale entre l’Italie et la Hollande, un match de fou… Aujourd’hui, je porte le n° 6 en hommage à Papi. Et Giani est maintenant mon entraîneur en sélection nationale. C’est incroyable. »
Un symbole de persévérance et de succès
En grandissant, Benjamin Toniutti s’est inspiré des grandes histoires du sport. Le record du monde de Bolt, la victoire des handballeurs à Londres, les nageurs français, les premières médailles de Riner… Aujourd’hui, il en fait lui-même partie. « Les JO, c’est un peu le boss ultime dans les jeux vidéo. Tu veux y aller, mais tu sais que ça va être difficile. À Tokyo, le match contre la Russie a tout changé, et ensuite tout s’est enchaîné. Nous sommes devenus champions olympiques… Avant, j’avais des étoiles dans les yeux et, d’un coup, je me suis retrouvé à chanter la Marseillaise. Ce jour-là, nous avons fait quelque chose de spécial pour le sport français, les volleyeurs ne sont plus les vilains petits canards qui ne gagnent pas. »
Une aventure humaine et collective
Après une première campagne à Rio en 2016, conclue par une 9e place, Benjamin et ses coéquipiers ont vécu les Jeux comme peu d’autres. « Après notre titre, nous étions au self et, vingt minutes plus tard, les handballeurs sont arrivés et nous avons fêté nos titres ensemble. C’était un moment extraordinaire. C’est ça, les Jeux Olympiques. Quand nous étions parfois dans une impasse, croiser les handballeurs et recevoir leur soutien nous faisait toujours du bien. Les Jeux, c’est une expérience unique, une véritable machine à laver émotionnelle, un vrai joyeux désordre. »
La force des symboles
Ramener une médaille, surtout d’or, vous place dans une autre catégorie. « Gagner une Ligue des Champions avec son club, c’est extraordinaire (NDLR : Benjamin Toniutti l’a fait en 2021 avec son club polonais de Kedzierzyn-Kozle). Mais c’est incomparable en termes d’émotion et de reconnaissance. Quand un ami vient chez toi et qu’il prend la médaille olympique, tu vois immédiatement l’importance du symbole. Je le vis encore aujourd’hui, trois ans plus tard. J’ai une petite salle de trophées à la maison et certains amis sont même gênés de tenir la médaille en main. »
Quel avenir après les Jeux ?
Ils auront peut-être bientôt l’occasion de toucher une autre médaille. La conclusion rêvée pour Benjamin Toniutti sur la scène internationale ? Pas sûr. « Nous allons vivre ces Jeux à fond, chez nous, en tant que champions en titre. Nous devons toujours nous rappeler que nous sommes des privilégiés et que cela n’arrivera plus jamais. Concernant ma carrière internationale, je n’ai pas envie, comme certains sportifs, d’annoncer une décision. Après les Jeux, je réfléchirai. Ça fait quinze ans que je suis en équipe de France, je suis plus près de la fin que du début. Je vais prendre mon temps, mais ceux qui me connaissent savent que la seule chose qui me manque est une médaille d’or aux championnats du monde… »
Quel que soit l’avenir, Benjamin Toniutti incarne la passion et la persévérance. Sa carrière et ses nombreux succès resteront une grande source d’inspiration pour les générations futures.